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Les oiseaux hivernants dans le Tarn-et-Garonne 

 Jean-Claude Miquel, de la Société des Sciences Naturelles

Sarcelles d'hiver, fuligules milouins, fuligules morillons, tarins des aulnes, tichodromes échelettes. Autant de noms d'oiseaux qui peuvent sonner de façon bien étrange aux oreilles des non initiés. Dès la fin de l'été pourtant, certaines de ces espèces commencent à apparaître dans le Tarn-et-Garonne. Elles seront rejointes par de nombreuses autres espèces, fuyant les rigueurs du climat de leurs pays d'origine. Progressivement, ces oiseaux migrateurs vont coloniser leurs milieux de prédilection dans le département, en attendant les jours meilleurs du printemps prochain où ils s'empresseront de rejoindre leurs pays natals pour s'y reproduire.

UNE QUESTION DE SURVIE

Venus du nord de la Sibérie, de Scandinavie, d'Europe de l'Est, d'Islande ou de Grande-Bretagne, on a tendance à croire à tort que les oiseaux migrateurs fuient les contrées nordiques pour ne pas mourir de froid. Mais ces animaux présentent grâce à leur plumage une grande tolérance aux froids glacials. Le gel et l'enneigement les empêchent, par contre, de se nourrir et de s'abreuver. Tous les oiseaux sont en effet plutôt mal équipés pour casser la glace ou gratter la neige gelée. Ne pouvant se nourrir, ni hiberner comme le font certains mammifères, rester signifierait alors pour eux la mort. Ils n'ont donc pas d'autres solutions que de prendre la direction du sud afin de rejoindre des cieux plus cléments. L'aptitude physique des différentes espèces (endurance, types de vols) et leur dépendance vis à vis de certains milieux et certaines ressources alimentaires vont alors déterminer principalement leurs destinations d'hivernage privilégiées. On peut donc en conclure que les espèces hivernantes dans notre département y trouvent un environnement et des ressources alimentaires à leur convenance.

UNE CENTAINE D'ESPECES OBSERVABLES

Le Tarn-et-Garonne offre quelques grands types de milieux, favorables à l'accueil d'une intéressante variété d'oiseaux en hivernage. Le nord du département est par exemple propice à l'observation d'espèces de milieux ouverts, telles les alouettes et les pipits. Les falaises de l'Aveyron abritent durant l'hiver des espèces montagnardes, tels le mystérieux tichodrome échelette et l'accenteur alpin. Les zones boisées sont le refuge des grives, des gros-becs casse-noyaux et des pinsons. Même les villes accueillent leur cortège d'hivernants. Durant la mauvaise saison, nos populations d'étourneaux, sédentaires, doivent ainsi partager le gîte et le couvert avec leurs congénères d'Europe du Nord et de l'Est, créant des bandes parfois de plusieurs milliers d'individus. De même, le rougegorge de la haie du fond du jardin n'est pas forcément celui qu'on croit. Un hivernant nordique peut occuper la place vacante laissée par son homologue de l'été, parti pour l'hiver plus au sud. La plaine de la Garonne accueille quant à elle les espèces hivernantes les plus prestigieuses: canards divers, vanneaux huppés et autres limicoles (sortes de petits échassiers), grands cormorans.

Sur les 240 espèces d'oiseaux visibles régulièrement tout au long de l'année dans le département, il est ainsi possible d'en voir une centaine l'hiver. Mais dépêchez-vous d'aller les observer. Le printemps approche et amorce le retour de migrations de la plupart d'entre elles.

Photo  Jacques Laporte

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